lundi 12 avril 2010

Le retour du samedi matin ?

La semaine de quatre jours risque de ne pas faire long feu dans les écoles primaires et les maternelles. Un, la circulaire du 16 mars, relative à la rentrée scolaire 2010, promeut la semaine du lundi au vendredi, incluant le mercredi matin travaillé, dès lors qu’il rencontre « l’adhésion ». Deux, la Peep et la FCPE, les deux grandes fédérations de parents d’élèves, continuent de batailler contre la semaine de quatre jours qu’avait instaurée Xavier Darcos pour la rentrée 2008. Midi Libre a décidé de donner la parole aux parents d’élèves, leurs représentants et ceux des profs qui souhaitent un retour aux quatre jours et demi.

« Moi, j’ai toujours été contre la semaine de quatre jours. » Ariane, 37 ans, mariée et mère de trois enfants, n’a du coup pas sauter de joie lorsque la suppression du samedi matin travaillé est devenue la règle en France. C’était à la rentrée scolaire 2008.
En Languedoc-Roussillon, comme ailleurs dans l’Hexagone, de nombreux départements étaient déjà passés depuis longtemps à la semaine de quatre jours. Mais, à Jacou, près de Montpellier, où Ariane scolarisait ses enfants, ce n’était pas le cas.

« De récupérer le samedi matin, ça a satisfait beaucoup de familles », reconnaît-elle. Car, en tant que représentante de la FCPE, la principale fédération de parents d’élèves, elle avait, avant que Darcos se prononce, organisé un référendum dans son école. Une majorité de parents s’était positionnée en faveur des quatre jours. « Uniquement pour des raisons d’adultes », ajoute-t-elle.
Selon Ariane, en effet, le samedi matin, « c’était le jour où les parents pouvaient rencontrer les enseignants », où les enfants pouvaient aussi nouer une relation un peu différente avec leur professeur. « Ces moments-là manquent aujourd’hui, estime-t-elle. En fait, en instaurant la semaine de quatre jours, l’Education nationale a juste cherché à faire plaisir à certains parents et aux lobbies du tourisme. »

Depuis la rentrée 2008, si les écoliers ne vont plus à l’école le samedi matin, le programme scolaire n’a pas été allégé pour autant, assure le Sniupp, le Syndicat national unitaire des instituteurs, professeurs des écoles et Pegc, qui s'occupe du premier degré. « On peut même dire qu’il a été alourdi », relève Pascal Lesseur, son secrétaire héraultais.

En outre, d’après lui, la charge sur les épaules des écoliers est plus pesante depuis le passage de 26 à 24 heures de cours hebdomadaire, car plus concentrée. Et les heures réservées aux élèves en difficulté, réparties pendant les quatre jours, ne seraient pas réellement efficaces, enchaîne-t-il : « Comme la charge s’est alourdie, ça a mis en difficulté des élèves qui ne l’étaient pas avant. »

Son avis n’est évidemment pas partagé par l’Education nationale. « Les heures réservées aux élèves en difficulté leur permettent de préparer le travail de leur journée, en revoyant, par exemple, les énoncés des exercices qu’ils feront dans la journée, afin qu’ils puissent les comprendre », défend-on à l’inspection d’académie de l’Hérault.

Ariane, elle, ne voit pas les choses ainsi. « Ces heures de soutien sont dispensées avant les heures normales de cours. A l’arrivée, ça fait beaucoup pour des écoliers qui ont des difficultés. » Et cette mère d’une enfant en CM1 et d’une autre en grande section de maternelle d’ajouter : « Heureusement, j’ai la chance d’avoir des filles qui n’ont pas de problèmes et avancent vite. Mais, si elles étaient en soutien scolaire… »

Comme Pascal Lesseur, elle réclame une « vraie réflexion sur l’apprentissage et les rythmes scolaires ». Ils ne sont pas les seuls. En mars, la Peep, la deuxième fédération de parents d’élèves, avait demandé au ministre de l’Education nationale d’organiser des « états généraux sur les rythmes scolaires ». La FCPE, la fédération d’Ariane, avait, elle, lancé en février 2009 « une campagne en faveur de la semaine scolaire de quatre jours et demi ». Sur ce point, elle a en partie été entendue.

Ainsi, une circulaire du ministère, relative à la rentrée 2010, encourage « l'organisation de la semaine en neuf demi-journées (du lundi au vendredi en incluant le mercredi matin) chaque fois qu'elle rencontre l'adhésion ».

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